Pourquoi la R5G est-elle nécessaire ?

La mobilité fait partie des besoins parmi les plus fondamentaux. L’essor de l’automobile conjugué au développement du réseau routier sur l’ensemble du territoire a démocratisé l’accès à la mobilité. Aujourd’hui, la route constitue un moyen de transport souple et encore relativement économique. Ainsi, que ce soit pour le transport des biens ou des personnes, la route représente 85 à 90 % des déplacements.

L’image du transport routier

Une telle prédominance du mode routier a de nombreuses conséquences. Tout d’abord, le montant financier nécessaire pour entretenir le réseau routier français s’avère de plus en plus difficile à réunir. Les critiques se font également de plus en plus nombreuses. Outre les problèmes de sécurité routière qui tendent à s’atténuer, la route est accusée entre autres de menacer la biodiversité, d’avoir une empreinte carbone trop élevée, d’être peu efficace sur le plan énergétique et d’être une grosse consommatrice de matériaux. Ce double contexte de crise économique et de transition écologique, a éloigné la route des politiques nationales de transition durable (Grenelle de l’Environnement, Investissements d’Avenir). 

Ces enjeux appellent avant tout de nouvelles sources énergétiques pour les véhicules. Mais ils nécessitent aussi un nouvel art de construction des routes, soucieux de diminuer les nuisances liées à leur propre fonction, et apte améliorer le cadre de vie dans les villes et les campagnes. Dans un contexte d’urbanisation toujours croissante, la mobilité choisie doit être rendue durable et la mobilité contrainte acceptable, en favorisant davantage la circulation des transports en communs ou encore en développant de nouvelles solutions de mobilité.

Dès lors, doit-on chercher à optimiser les infrastructures routières pour les faire se conformer aux objectifs sociétaux au risque d’en accroitre encore la prépondérance ou doit-on se laisser tenter par une forme de décroissance du mode routier au risque de pénaliser l’économie et les territoires qui en dépendent ?

Pour éclairer ce débat public complexe et notamment éviter un choix par défaut, les ingénieurs et chercheurs se doivent de développer et d’évaluer les briques technologiques susceptibles d’entrer dans la conception des routes du futur, au sein de scenarii d’ensemble répondant aux enjeux de société, ce qui fait l’objet du projet Route 5ème Génération.

Innovation dans les infrastructures routières

De nombreuses technologies innovantes sont disponibles dans les centres de recherche publics ou privés, mais le passage à une phase d’expérimentation dans des conditions réelles d’utilisation et d’exploitation pose problème aujourd’hui.

Le développement de nouvelles technologies embarquées dans les véhicules ou encore la généralisation des smartphones doit s’accompagner d’évolutions des infrastructures routières, pour aller vers une mobilité intelligente. Pour s’assurer de la pertinence de ces différentes technologies, l’ensemble du cycle de vie des routes doit être pris en compte, de la phase de construction à la phase d’exploitation, en passant par la maintenance et recyclage.

La R5G propose de développer cette nouvelle génération d’infrastructure conçue, construite et préservée dans une approche « système » qui réunit les technologies actuelles en synergie, adaptées à différents contextes.

Transfert technologique et industrialisation

Dans le contexte financier et juridique actuel, la proposition de solutions innovantes à un gestionnaire d'infrastructures, nécessite une prise de risque importante de la part de l'entreprise, tant un échec peut être préjudiciable.

Pour surmonter ces obstacles, la conception, la construction et l’exploitation de démonstrateurs à échelle réelle où le risque est maîtrisé sont des étapes essentielles pour promouvoir des ruptures significatives. La structuration du milieu scientifique et industriel autour de tels outils de recherche partagés, intermédiaires entre le laboratoire et le déploiement industriel est essentiel. Expérimentation en vraie grandeur, ils permettent d’accélérer l’évaluation des solutions conçues en laboratoire et d’identifier les plus prometteuses d’entre elles.

L’utilisation de démonstrateurs pour tester les nouvelles technologies routières doit également permettre de s’assurer de la pertinence des travaux et surtout d’identifier les problèmes de mise en œuvre inhérent à tout déploiement in situ. Un tel fonctionnement permet de fermer des pistes de recherche et de renouveler des questions de recherche.